Depuis le début de la crise sanitaire, les entreprises ont dû adapter leur activité, leur fonctionnement et leur organisation au contexte épidémique avec un risque de stress au travail non négligeable. En 2021, le ministère du travail relève que l’état de santé psychique des travailleurs s’est dégradé, notamment lorsque les conditions de travail ont été impactées par la crise sanitaire. Il pointe également une augmentation du taux de démissions par rapport à l’année 2019.
Les aspirations des salariés ont évolué ces dernières années. Ils sont attachés aux conditions de travail qui ne nuisent pas à leur santé, qui leur permettent de travailler sereinement et qui donnent du sens à leur action. A un niveau élevé depuis plusieurs années et en augmentation depuis la crise sanitaire, le stress au travail constitue un problème pour les travailleurs et les entreprises qui peut être prévenu.
Le stress au travail se définit par l’état de tension dans lequel se trouve un travailleur qui perçoit ne pas disposer des ressources nécessaires pour réaliser ses missions professionnelles. Il existe deux approches du stress au travail.
La première approche responsabilise l’entreprise en soutenant que les conditions de travail sont à l’origine du stress au travail. En 2011, Michel Gollac, Président du collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail, a animé un travail de synthèse de nombreux travaux français et étrangers sur les risques psychosociaux. Ceux-ci ont permis de recenser six familles de facteurs de risques psychosociaux. Parmi ces facteurs de risque, quatre sont reconnus comme liés à l’apparition de stress au travail : l’intensité et la complexité du travail, les horaires de travail difficiles, la faible autonomie et le manque de reconnaissance professionnelle. Les conditions de travail sont donc bien à l’origine du stress au travail.
La deuxième approche individualise la problématique du stress au travail et ainsi l’explique par des facteurs personnels tels que : le manque d’assurance, de compétence, la fragilité, le contexte personnel non lié à l’activité professionnelle… En effet, la perception du déséquilibre entre ressources disponibles et contraintes pour la réalisation d’une mission est orientée selon des dispositions personnelles telles que la personnalité, l’environnement social, l’âge, le sexe… Ces dispositions personnelles influent sur les conséquences du stress au travail sur la santé des travailleurs mais n’en sont pas l’origine.
Le stress au travail n’est pas une maladie. Cependant, il a un impact négatif et évolutif sur la santé des travailleurs lorsqu’il est étalé dans le temps (stress chronique). En phase aigüe (quelques jours ou semaines), les manifestations du stress sont réversibles : augmentation de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, du niveau de vigilance… Au bout d’un mois, le stress devient chronique, les manifestations évoluent et les conséquences délétères pour la santé apparaissent. D’abord réversibles (symptômes de décompensation cognitifs, émotionnels et physiques), les symptômes évoluent vers un syndrome métabolique à risque pour la santé (hypertension artérielle, obésité abdominale…) puis vers l’apparition de pathologies (maladies cardiovasculaires, dépressions, burn-out, troubles musculosquelettiques…) (cf. image ci-dessous).
Le stress au travail impacte également l’entreprise. Diminution de l’efficacité professionnelle, augmentation de l’absentéisme et du turn-over, démotivation de l’équipe… les conséquences du stress au travail sont importantes et impactent la performance de l’entreprise. Par ailleurs, les pathologies associées au stress au travail peuvent être reconnues comme accidents du travail ou maladies professionnelles par l’Assurance Maladie qui engendrent des coûts directs et indirects pour l’entreprise. Enfin, le stress au travail et plus largement les risques psychosociaux constituent un risque professionnel. L’employeur a donc l’obligation de les prévenir. Il s’agit d’une obligation de sécurité et de résultat. La responsabilité de l’employeur peut être engagée.
De nos jours, la prévention du stress au travail peut s’appréhender sous deux angles complémentaires. Tout d’abord, il s’agit de prévenir le risque à la source à l’instar des autres risques professionnels. Au vu de l’obligation de l’employeur à « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés » (article L.4121-1 du code du travail), celui-ci a comme responsabilité d’améliorer les conditions de travail pour prévenir le risque de stress au travail. Selon les principes généraux de prévention (article L.4121-2 du code du travail), l’employeur est tenu d’évaluer le risque de stress au travail, d’élaborer un plan d’action pour prévenir ces risques à la source et d’envisager des mesures de prévention collectives impactant l’organisation du travail plutôt qu’individuelles. Ainsi, le stress au travail est traité tel un risque professionnel. L’action de prévention mise en œuvre contribue à réduire le niveau de stress au travail dans l’entreprise. Le document unique d’évaluation des risques professionnels intègre l’évaluation du risque de stress au travail.
Par ailleurs, des actions de prévention relative à la gestion du stress peuvent être menées de façon complémentaire. Elles ciblent les individus et ont pour objectif de développer les marges de manœuvre des travailleurs face à des contraintes qu’on ne peut modifier. Parmi ces actions, on trouve les ateliers pour gérer le stress, les séances de coaching individuelles ou collectives, les consultations offertes avec un psychologue, des formations… Complémentaires des mesures de prévention des risques à la source, ces actions améliorent leurs effets et développe plus largement la qualité de vie au travail.